Ça commence comme ça:
Depuis 18 ans je filme Pénélope, jeune adulte porteuse d’autisme. Un jour j’ai ouvert le placard qui contenait des cassettes DV et des bobines super 8. Ça m’a presque crevé les yeux. Il fallait rassembler toutes ces images. Pénélope mon amour trace le parcours d’une mère et de sa fille à travers les années. Il raconte différentes étapes : le choc du diagnostic, la déclaration de guerre, l’abdication des armes, pour finalement accepter et découvrir un mode d’existence autre. Pénélope ne cesse d’acclamer ce qu’elle est, je ne cesse de questionner qui elle est. La réponse à la question est précisément dans cette quête infinie. Tout m’est renvoyé en miroir. Ainsi, n’est-ce pas Pénélope qui par ricochet me dit qui je suis ?
Ce que nous en pensons:
Bien qu’aujourd’hui l’autisme soit beaucoup plus médiatisé qu’il y a de cela quelques années, notamment grâce à Paul El Kharrat, ce handicap reste encore un véritable vivier de préjugés.
Heureusement, des personnes se battent au quotidien pour faire évoluer les mentalités et exposer au plus grand nombre ses multiples facettes.
C’est ce que nous propose aujourd’hui Claire Doyon (Les lionceaux, Les allées sombres…) avec Pénélope, mon amour.
Ce que la réalisatrice nous livre ici est bien plus qu’un simple documentaire puisque Pénélope n’est autre que sa fille.
De plus, la démarche utilisée pour mettre en lumière l’autisme, et plus particulièrement le syndrome de Rett dont la jeune fille est atteinte, est vraiment singulière. En effet, plutôt que de s’attacher à un bref moment de vie, comme c’est souvent le cas dans ce genre d’exercice, Pénélope, mon amour s’étale sur pas moins de 18 ans.
Plus précisément, Claire Doyon s’est servie de vidéos destinées à l’origine à un usage personnel pour monter son documentaire. Un choix judicieux puisque Pénélope, mon amour ne souffre dès lors d’aucune tricherie. De la découverte de handicap de la fillette aux diverses tentatives de traitements expérimentaux, tout ici est pris sur le vif. Ainsi, nous pouvons suivre l’évolution, ou malheureusement la dégénérescence de Pénélope au jour le jour.
Seul bémol, selon nous, la voix de Claire Doyon, qui sert aussi de narratrice, est beaucoup trop monocorde. Alors, certes, il lui a fallu faire preuve d’un certain détachement afin de ne pas rendre le film trop personnel, mais là, le décalage est parfois trop grand entre le choc des images et la voix qui les accompagne.
Pour finir, Pénélope, mon amour nous permet de mieux comprendre à quel point un handicap redéfinit la notion de famille. Tout tourne autour de Pénélope, Claire Doyon avoue même avoir longtemps mis sa carrière de côté dans l’espoir de guérir son enfant. Un sacrifice d’autant plus vain que toutes les tentatives pour arracher la fillette à son handicap n’ont rien donné. Car malheureusement, la moralité de ce documentaire est l’acceptation puisque shaman (et oui, Claire Doyon a vraiment tout essayé) comme spécialistes plus traditionnels, n’ont à l’heure actuelle aucune solution miracle pour stopper les effets de l’autisme.
Si beaucoup de documentaires tournant autour de l’autisme ont été réalisés, aucun n’avait la portée de Pénélope, mon amour. Avec un montage astucieux de ses vidéos personnelles, Claire Doyon, nous offre une vision nouvelle de l’autisme. Un film nous permettant de vivre en 1 h28, un condensé de 18 ans de sacrifices, d’efforts, d’espoirs et de déceptions. Une œuvre indispensable pour un peu mieux appréhender un handicap au large spectre de symptômes.
Les bonus:
- court-métrage It’s raining cats and dogs (26 min VF)
Claire Doyon interview ici Isabelle C, autiste Asperger. Un témoignage touchant qui conclut magistralement le DVD de Pénélope, mon amour.
Caractéristiques du Blu-Ray/ DVD:
- PÉNÉLOPE, MON AMOUR
- De: CLAIRE DOYON
- Nationalité: Français
- Genre: Documentaire
- Classification: Tous publics
- Durée: 1h28
- Producteur: Tamara Films
- Distributeur: Blaq Out
- Date de sortie: 2 mai 2023
- Prix: 19,28€
Cette chronique a été réalisée à partir d’un DVD offert par l’attachée de presse du groupe Blaq Out .
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