Critique Combo Blu-Ray/ DVD « Sans peur et sans reproche »

Le capitaine Bellabre, redoutable mais vieillissant chevalier du roi de France, est ridiculisé au cours d’un tournoi par un jeune inconnu, Pierre Terrail de Bayard. Les armées du roi de France doivent traverser l’Italie pour aller conquérir le royaume de Naples. Bellabre prend sous sa coupe le jeune homme, espérant se venger.

Avec ce troisième long-métrage en tant que réalisateur, Gérard Jugnot continu de mélanger les genres dans un joyeux bazar organisé. Entre fresque historique et comédie potache Sans peur et sans reproche est un film comme nous en faisons plus et pour cause…

Comment décrire Sans peur et sans reproche ? Sans vraiment parler d’OVNI, il s’agit tout de même d’une œuvre plus que singulière. Si le long-métrage retrace les premiers faits d’armes du chevalier Bayard, Gérard Jugnot y ajoute une bonne dose d’humour n’hésitant pas pour cela à passer outre la véracité des faits. Ainsi, si son héros sort bel et bien victorieux de son duel contre capitaine espagnol Alonzo de Soto Mayor (Joué par Roland Giraud), le réalisateur lui invente une idylle avec Blanche de Savoie (Ann-Gisel Glass) , la cousine du roi Charles VIII (interprété par Patrick Timsit). Un amour pur qui serait à l’origine de ses prouesses sur les champs de bataille.

De même, il fallait des personnages beaucoup moins flamboyants afin que le chevalier Bayard brille encore plus. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Sans peur et sans reproche ne manque pas de bras cassés. Du valet malhabile de Bellabre, campé par le regretté Ticky Holgado, à la fois écuyer, inventeur de « machines de guerre » et médecin en passant par le scribe (Gérard Darmon) « un peu » efféminé, c’est une véritable foire aux losers. Quant à Gérard Jugnot, comme dans ses autres films, il s’octroie un rôle à la fois pathétique et grandiose. Un chevalier n’étant plus que l’ombre de lui-même et prêt à tout pour faire chuter celui qu’il considère être son rival. Un antihéros qui va évoluer tout au long de l’intrigue devenant ainsi de plus en plus sympathique.

Voyons maintenant pourquoi un tel film ne pourrait plus être réalisé de nos jours.
Tout d’abord, Sans peur et sans reproche utilise des ressorts comiques d’une autre époque. Rien que le running gag du viol de Jeanne (Victoria Abril) passerait difficilement aujourd’hui.
De plus, les personnages gays sont caricaturaux au possible, maniérés, parlant comme dans La cage aux folles, ils seraient surement mal vus dans une industrie cinématographique aussi édulcorée que la nôtre. Au passage, nous retrouvons dans l’un de ces rôles l’excellent Bruno Carrette, regretté membre des Nuls .
Enfin, à des fins de reconstitution historique, Gérard Jugnot nous propose quelques combats assez sanglants qui tranchent avec la classification Tous publics de l’époque.

Pour finir, Rimini Éditions nous proposent, comme souvent, une remastérisation solide avec des images nettes et pratiquement débarrassées de toutes leurs impuretés (la bande-annonce ci-dessous est d’époque et ne représente en rien la qualité de la nouvelle version du film).

Bien avant Kaamelott, Gérard Jugnot nous proposait, avec Sans peur et sans reproche, une comédie à peu près historique. Une épopée à la fois drôle et grave, portée par un casting exceptionnel, est surtout une œuvre comme il n’en existe plus. Sans concession, dans le fond et dans la forme, ce long-métrage peut même choquer certains spectateurs. Mais qu’importe, la magie Gérard Jugnot fonctionne encore une fois et nous nous laissons volontiers entraîner dans sa folie .

• Gérard Jugnot, artisan-réalisateur – Partie 2 (21min VF)
  Document datant 2013 où Gérard Jugnot revient sur la genèse du film, son casting, la difficulté qu’il a rencontré à concilier humour et fresque historique…
• Images du tournage (22min VF)
  Making-of montrant une journée de tournage avec ses galères et ses crises de rire.

Cette chronique a été réalisée à partir d’un Blu-Ray offert par l’attachée de presse du groupe Rimini Éditions .