Critique Combo Blu-Ray/ DVD « Mutant »

Deux frères, Josh et Mike, débarquent pour quelques jours dans une petite ville du Texas. Ils découvrent que de nombreux habitants sont morts récemment, ou portés disparus. Lorsque Mike disparaît à son tour, Josh fait équipe avec le shérif local et une institutrice pour le retrouver, sans se douter de l’horrible vérité qui les attend…

S’il y a bien un rendez-vous que nous ne manquerions sous aucun prétexte, c’est bien la sortie d’un nouveau titre de la Collection Angoisses de chez Rimini Éditions. Surtout lorsque celle-ci nous propose de retrouver une pépite oubliée des années 80.

Décidément, avec cette collection, nous allons de bonnes en excellentes surprises puisque cette fois c’est à un nanar zombiesque que Rimini Édition s’attaque.
Mutant de John « Bud » Cardos (à ne pas confondre avec le Mutant d’Allan Holzman sorti deux ans plus tôt) est, certes, un long-métrage à petit budget, mais qui a le mérite de bénéficier d’un scénario inspiré en avance sur son temps.

Ce qu’il faut d’abord savoir sur John « Bud » Cardos (dont nous vous avions déjà parlé pour la réédition de son film L’horrible invasion chez Sidonis Calista) , c’est qu’il était un véritable passionné de cinéma. Un artiste complet ayant officié dans toutes les catégories du 7e art de maquilleur à acteur. Une vocation dévorante qui l’écran dans Mutant.

En effet, comme dit plus haut, Mutant n’est pas un film à gros budget et pourtant John Cardos y a mis une telle ferveur que même les maquillages plus que cheap de ses zombies lui sont pardonnés. Rappelons tout de même qu’à cette époque Georges A. Romero réalisait Creepshow et Le jour des morts-vivants, deux œuvres aux trucages autrement plus réussis.

Cependant, si l’esthétique de Mutant peut prêter à sourire (voire même à rire de temps en temps) son scénario remonte largement le niveau.
Sous couvert d’une invasion de zombies, son réalisateur en profite pour faire passer un message écologique. Une chose rare à une période de l’histoire du cinéma, et de la culture en générale, où ce sujet était encore loin d’être une préoccupation.

De même, Mutant nous propose des personnages assez atypiques à commencer par son héros, Josh. Dès la première scène, celui-ci nous est présenté comme un fils à papa insupportable. Polo sur les épaules, décapotable… tout est réuni pour le rendre antipathique. Une sensation décuplée par le jeu d’acteur de Wings hauser (Dead man walking, L.A. Bounty…) qui ne ménage pas ses efforts pour donner du corps à son rôle. Remarquez c’est normal de s’envoler lorsque l’on s’appelle « wings »… Mais, Josh n’est pas seul et doit faire équipe avec un shérif, campé par Bo Hopkins (Midnight Express, Sweet Sixteen…) plein de bonnes volontés, mais largement dépassé par les événements. Enfin, une institutrice pleurnicharde magnifiquement interprétée par Judy Merford (Chained heat, McClain’s Law…) vient compléter ce trio de bras cassés.

Le dernier attrait du scénario de Mutant c’est son rythme. John Cardos parvient à nous maintenir sous pression grâce à des rebondissements aussi nombreux que maîtrisés. L’emploi de la bande de brutes du coin qui débarquent toujours comme un cheveu sur la soupe, l’explication de l’origine des zombies, tout est savamment orchestré.

Nous terminerons cet article en soulignant la qualité du master de cette réédition de Mutant. Si Rimini Éditions nous a habitués à des « dépoussiérages » réussis, avec ce nouveau combo, ils se sont surpassés. L’image est nette, le son bien équilibré (avec tout de même un gros avantage à la version originale). Bref, le petit film quasi oublié fait un retour triomphal sur nos platines de salon !

Encore une fois, la Collection Angoisses de chez Rimini Éditions nous fait rêver avec un titre tout droit sortit du vidéoclub de notre enfance. Mutant est un long-métrage atypique mêlant action et horreur dans un scénario mené tambour battant. Un film écologique avant l’heure aux effets spéciaux cheap qui lui donne aujourd’hui une saveur particulière. Espérons que l’excellent travail de remastérisation accompli pour l’occasion lui apporte enfin la visibilité qu’il mérite.

• Livret « John ‘Bud’ Cardos, le cow-boy dans l’horreur » rédigé par Marc Toullec (24 pages)
  Le désormais célèbre complément de la collection Angoisses. Marc Toullec retrace ici la carrière du réalisateur, acteur, maquilleur… dans fascicule toujours aussi intéressant et bien illustré.
• La bande-annonce

Cette chronique a été réalisée à partir d’un Blu-Ray offert par l’attachée de presse du groupe Rimini Éditions .