Caractéristiques du Blu-Ray/ DVD:
- L’ÎLE DE l’ÉPOUVANTE
- De: MARIO BAVA
- Avec: IRA VON FURSTENBERG, WILLIAM BERGER, MAURICE POLI
- Nationalité: Americano-italien
- Genre: Thriller
- Classification: Interdit aux moins de 12 ans
- Durée: 1h30
- Producteur: Produzioni Atlas Consorziate
- Distributeur: Sidonis/ Calysta
- Date de sortie Blu-Ray/DVD: 29 mai 2022
- Prix: 24,99€
Ça commence comme ça:
Le riche industriel George Stark invite une demi douzaine de personnes à une soirée sur l’île isolée où se dresse sa somptueuse villa. L’occasion de s’amuser et, aussi, de parler affaires, l’un des convives possédant le brevet d’une invention révolutionnaire. A l’issu d’un jeu macabre, les choses prennent une tournure nettement plus dramatique que de simples mondanités un peu pimentées. Un meurtre survient, puis un deuxième, un troisième… L’hécatombe se poursuit inexorablement.
Ce que nous en pensons:
Si le nom de Bava vous dit quelque chose, c’est peut-être parce que vous êtes un lecteur assidu des Petites chroniques. En effet, nous vous avions parlé il y a peu du coffret Demons I et II de Lamberto Bava, qui n’est autre que le fils de Mario Bava, le réalisateur de L’île de l’épouvante.
Un film qui divise autant les spectateurs qu’il les rassemble. Pourtant, en revisitant Ils étaient dix d’Agatha Christie, le cinéaste nous offre une œuvre beaucoup plus complexe qu’il n’y parait.
Tout commence par un choix assez osé, transposer un grand classique du roman policier dans l’univers du giallo (mélange entre policier, horreur et érotisme).
En effet, si Mario Bava maîtrise ce genre à la perfection, s’attaquer à la prêtresse du polar reste une entreprise des plus culottées.
Visiblement conscient du danger, Mario Bava y va franco et pousse le giallo à son paroxysme. Une île paradisiaque, des femmes sublimes et surtout peu vêtues et bien entendu des cadavres qui s’empilent, ou plutôt qui s’alignement, dans une chambre froide. Histoire d’enfoncer le clou, le cinéaste nous martèle les oreilles de musiques psychédéliques dignes de la bande originale de l’Orange mécanique de Stanley Kubrick.
C’est cet aspect visuel et sonore proche d’une série Z qui choc bon nombre de spectateurs. Pourtant, en regardant L’île de l’épouvante sous un angle différent, nous pouvons découvrir une œuvre bien plus profonde qu’il n’y parait.
Si l’hommage à Ils étaient dix est flagrant, nous pourrions comparer ce long-métrage aux pièces de théâtre du XVIIe siècle. Il y a du Molière dans cette farce horrifique. Mario Bava se moque ici d’une certaine bourgeoisie décadente.
Les femmes sont volages et leurs maris les y encouragent même si cela peu servir leurs intérêts. Les hommes, quant à eux, sont vénaux au possible et donc prêts à toutes les bassesses pour remporter le brevet tant convoité.
Nous terminerons en saluant le travail effectué par les Éditions Sidonis/ Calysta sur la remastérisation du film. Les couleurs sont vives, le son impeccable et tous les défauts de l’épreuve originale ont complètement disparu. C’est donc un véritable régal de se (re)plonger dans ce thriller gentiment érotique.
Si L’île de l’épouvante n’est certes pas le meilleur film de Mario Bava, il a le mérite de poser les bases de ce que va être son œuvre. Un thriller au scénario d’une grande finesse, mais qui a tendance à s’égarer par moments, notamment lors de son dénouement. Pourtant, les amateurs de giallo vont se régaler devant ce mélange réussi entre Ils étaient dix et le théâtre de Molière. À voir ou à revoir absolument ne serait-ce que pour apprécier la remastérisation des Éditions Sidonis/ Calista.
Les bonus:
Comme souvent chez Sidonis/ Calysta, les suppléments sont nombreux et surtout inédits.
Livret de 24 pages
Rédigé par le journaliste Marc Toullec, ce livret richement illustré vient compléter agréablement les bonus du Blu-ray.
Présentation du film par Alice Laguarda (VF 31 min)
Un segment intéressant, bien qu’Alice Laguarda (auteure de l’ouvrage L’ultima maniera. Le Giallo, un cinéma des passions chez Rouge Profond) y soit un peu trop scolaire à notre goût.
Présentation du film par Gérald Duchaussoy et Romain Vandestichele (VF 24 min)
Nettement plus décontracté, ce segment n’en reste pas moins efficace. Les deux compères nous proposent ici une analyse pertinente du scénario ainsi qu’une comparaison entre le cinéma de Bava et de Fellini.
Présentation du film par Jean-François Rauger (VF 34 min)
Le directeur de la Cinémathèque de Paris nous gratifie d’un segment à mi-chemin des deux autres. Une analyse plus approfondie que celle du deuxième bonus, mais largement moins austère que celle du premier.
Cette chronique a été réalisée à partir d’un combo Blu-Ray/ DVD offert par l’attachée de presse du groupe Sidonis/ Calysta.
Notre note:
3.5/5