Critique Combo Blu-Ray/ DVD « Horrible »

Alors qu’il cherche à échapper à un homme qui le traque, un tueur en série s’empale sur les piques d’une grille. Emmener d’urgence à l’hôpital, il est pris en charge par des médecins qui ne croient guère en ses chances de survie. Pourtant, en quelques heures à peine, l’assassin est déjà prêt à faire de nouvelles victimes…

Les slashers sont un peu les fast-foods du septième art. Ils sont indémodables, il y en a de toutes les origines et pour tous les goûts. Un sous-genre qui continue encore aujourd’hui de faire frémir les spectateurs, mais qui trouve cependant son apogée au début des années 80 avec des blockbusters tels que Vendredi 13 ou Halloween.
C’est justement durant cette glorieuse période qu’Horrible a vu le jour. Un long-métrage spécialement pensé pour surfer sur cette déferlante et faire de l’ombre au terrifiant Michael Myers.
Pour cela, le réalisateur Joe D’Amato n’a pas hésité à réutiliser les ingrédients qui ont fait le succès du film de John Carpenter en y incorporant la sauce italienne.

À l’origine, Horrible a été imaginé comme une sorte de remake d’Halloween, puis comme une suite à Antropophagus (déjà réalisé par Joe D’Amato et écrit par George Eastman) avant de devenir le film que nous connaissons aujourd’hui.
Néanmoins, bien que toutes ses idées eurent été abandonnées, il en reste quelques traces. Tout comme dans Antropophagus le rôle de l’antagoniste est tenu par George Eastman et il s’agit encore d’un « croque-mitaine » grec. Pour américaniser le projet et malgré qu’Horrible se déroule en Italie, les protagonistes se réunissent pour regarder la finale du Super Bowl à la télévision…

Maintenant que nous avons passé en revue ce qui fait d’Horrible un slasher classique, penchons-nous sur ce qui fait son originalité.
Tout d’abord, ce qui frappe dans ce film, c’est l’attitude de l’antagoniste. Bien qu’il déambule et tue toute personne croisant son chemin, comme le ferait n’importe lequel de ses « confrères », on voit qu’il prend du plaisir à massacrer son prochain. Son visage se déforme par des rictus de jubilation. Un fait assez rare dans ce genre de long-métrage, car traditionnellement, si le monstre n’est pas masqué, il ne montre aucune expression.

Ensuite, ce qui fait qu’Horrible marque les consciences, c’est l’originalité de certaines de ses exécutions. Le psychopathe s’en donne à cœur joie et même nous, qui sommes pourtant rompus aux slashers, avons été surpris par l’esprit créatif du duo D’Amato/Eastman dans la mise à mort de leurs personnages.
De plus, bien que le film n’est pas bénéficié d’un budget énorme, les maquillages sont plutôt correctes et assez gore pour l’époque.
D’ailleurs, le long-métrage se clôture sur une image forte et surtout très audacieuse qui pourrait choquer quelques spectateurs.

Ensuite, bien que Joe D’Amato et George Eastman se soient surtout fait connaitre dans les milieux cinématographique de l’érotisme et du porno, ils nous épargnent ici les sempiternelles scènes avec des filles dénudés ou autres moments gênants de sexe gratuit pour faire vendre. Là aussi, c’est assez rare dans le monde de l’horreur des années 80 pour être souligné.

Pour finir, nous aimerions mettre en avant le travail de ESC Éditions qui nous propose ici le film sous son meilleur jour.
Les images ont été entièrement dépoussiérées et le moindre petit défaut de bande a été traqué pour nous offrir une netteté irréprochable.
En ce qui concerne le son, même s’il reste loin des standards du moment, il est tout à fait correct et cela quelque soit la version que vous aurez choisie (Version italienne, française ou américaine).

Avec Horrible, Joe D’Amato rêvait d’entrer dans la légende du cinéma d’horreur. Malheureusement pour lui, tel l’univers de Dallas, celui du 7e art se montre parfois impitoyable et des productions, pourtant honorables, se trouvent balayées d’un coup de vent. Une injustice aujourd’hui réparée puisqu’Horrible, après avoir connu une seconde vie plutôt glorieuse lors de sa sortie à la location, renait encore de ses cendres avec cette belle réédition signée ESC Éditions. Une occasion de découvrir ou de revoir ce slasher efficace porté par un George Eastman au sommet de son art.

Comme toujours ESC Éditions nous régalent avec des bonus inédits ou très rares.
À noter que si vous vous décidez pour la version Combo Blu-Ray/ DVD plus ESC Vidéo Club, vous découvrirez une jaquette imitation VHS et quelques goodies (Affiche française du film, 5 photos et un livret collector)

• Version courte italienne (1h28min40 VOST)
  Il s’agit ici d’une version édulcorée du film sorti en 1981 en Italie.
  Un segment, à notre avis, sans grand intérêt puisque le film y perd de son charme.
• “Le Halloween italien” par David Didelot (16min52 VF)
  L’auteur et éditeur du fanzine erotic Bazar nous explique comment le réalisateur d’Horrible est passé du cinéma porno au gore. David Didelot revient également sur les multiples changements de nom du long-métrage, son accueil plus que mitigé auprès du public, la manière dont Joe D’Amato a américanisé son film…
  À regarder après le visionnage du film, car ce segment contient quelques spoils, notamment sur les exécutions.
• “Rouge comme le sang”: Entretien avec George Eastman, dit Luigi Montefiori (30min58 VOST)
  L’acteur revient sur sa rencontre avec Joe D’Amato puis nous livre de nombreuses anecdotes sur le tournage d’Horrible. Un segment très intéressant qui permet aux néophytes de mieux comprendre les rouages du cinéma d’horreur italien de l’époque.
• Bandes-annonces 
  Les teasers français (2min45) et américains (2min42), assez similaires datant des sorties VHS du film.
  Des bandes-annonces, dans leur jus, qui donnent une bonne idée du film.
• Bonus caché  (3min07 muet)
  Dans le menu des suppléments, si vous continuez d’appuyer sur la flèche droite de votre télécommande après “bandes-annonces”, un astérisque apparaîtra sur le titre du film. Appuyez alors sur la touche OK de votre télécommande pour découvrir le teaser d’Antropophagus .

Cette chronique a été réalisée à partir d’un Blu-Ray offert par l’attachée de presse du groupe ESC Éditions .