Ça commence comme ça :
À Paris-en-Fantasy les habitants se saignent pour acheter des hormones animales qui les transforment pour un temps en Vampires, Orcs, Nains, Elfes et Gobelins ! Ceux qui ne veulent pas, ou ne peuvent plus s’offrir ces perturbateurs endocriniens sont relégués dans un ghetto intérieur : le Man’s Land.
Mais tous les habitants, victimes de leur servitude volontaire, sont captifs de ce parc d’attractions géant sans escape game possible, où ils sont à la fois spectateurs et figurants, mais jamais acteurs…
Derrière ce transhumanisme régressif se trouvent Joseph Gœbelin, aujourd’hui en charge du ministère de l’(in)culture et de l’art de la propagande, et le docteur Mangelé, médecin en chef des Hôpitaux de Paris-en-Fantasy. Ils ont promis aux gamers et aux geeks qu’ils réaliseraient leur rêve de vivre dans un jeu de rôle grandeur nature 24/24. Or voilà ces derniers pris au piège d’une prison dorée…
Comme l’annonçait la prophétie, une tête cryogénisée est retrouvée dans les catacombes. Le docteur Mangelé lui greffe un corps et le fait revenir d’entre les morts. Or la nuit, pendant le couvre-feu, Philibert, de son prénom, se transforme en un loup-garou monstrueux et incontrôlable : LE BERSERKILLER.
La dissidente Jéhanne Gobelin veut le canaliser et lui faire rencontrer la Résistance afin de changer le visage de la fantasy. Comme le dit la légende, s’il s’agit bien de Philibert Aspairt, la figure clandestine des catacombes, la ville sera libérée de ses démons. Mais si c’est Philibert Asper, un usurpateur, ce sont les pires démons de la ville qui seront relâchés !
Quelle que soit son identité, le Berserkiller a sept jours pour libérer le peuple des griffes de l’oligarchie locale !
Ce que nous en pensons :
Après avoir été en rupture de stock pendant des années, le premier opus de la série Paris-en-Fantasy nous revient et en version revue et corrigée qui plus est.
En effet, Paris-en-Fantasy – La légende du Saint Crââne devient Le Berserkiller de Paris-en-Fantasy. Un roman qui, selon le souhait de son auteur, est plus dynamique et plus épique que sa première mouture.
Pour nous qui avons connu la saga au travers des deux tomes des Ex-Pendables de Paris-en-Fantasy, nous avons été agréablement surpris par l’ambiance, ou plutôt LES ambiances, de ce premier tome.
Décidément, Brett Nephaeus est un grand auteur.
Un artiste capable de nous faire passer, dans un même roman, du rire, aux frissons et de l’heroic-fantasy à la dystopie et tout cela dans un rythme effréné de la première à la dernière page… Il n’y en a qu’un.
Car, bien sûr, Le berserkiller de Paris-en-Fantasy est drôle, mais il est bien plus que cela.
Jéhanne-Gobelin – Le Berserkiller de Paris-en-Fantasy – illustrateur Nouhot Dagnogo – 2023
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est important d’aborder la manière dont Brett Nephaeus a construit son scénario.
L’auteur utilise ici une sorte d’écriture semi-automatique, ou du moins, c’est l’impression que nous avons eue lors de notre lecture. Nous pourrions comparer le déroulement de l’intrigue du Berserkiller aux mises en scène des spectacles de Baptiste Lecaplain.
Comme l’humoriste, Brett part d’une situation puis s’éparpille dans tous les sens avant de revenir au postulat de départ avec un naturel déconcertant.
Prenons pour exemple la scène où les nains découvrent un étrange objet dans leur souterrain. Ils cherchent d’abord à comprendre de quoi il s’agit et surtout à savoir qui a bien pu le déposer là. Donc, les hypothèses fusent ce qui donne à l’auteur autant d’excuses pour expliquer les fondamentaux de Paris-en-Fantasy et exposer les différentes castes ainsi que leurs fonctionnements… Ce style de narration apporte un rythme intéressant au roman. L’intrigue commence directement sur les chapeaux de roues et n’est jamais freinée, ni même alourdie par des enchainements de descriptions laborieuses. En résumé, Le berserkiller de Paris-en-Fantasy est un tome de présentation qui évite tous les pièges du genre.
Cette présentation des castes et du fonctionnement de Paris-en-Fantasy nous amène au deuxième point fort du Berserkiller, la dystopie.
Aux premiers abords, cette cité nous apparait comme un lieu fun. Des manèges servant de moyens de transport, des humains transformés en personnages d’heroic fantasy…
Pourtant, plus Brett Nephaeus nous explique ses rouages et plus nous nous apercevons qu’il y a quelque chose de pourri au royaume de Paris-en-Fantasy.
Joseph Goebelin – Le Berserkiller de Paris-en-Fantasy – illustrateur Nouhot Dagnogo – 2023
Tout d’abord, très vite, il saute aux yeux que les habitants de ce lieu « magique » ont des devoirs avant d’avoir des droits. Pour atteindre leur statut de créature imaginaire, ils doivent renoncer à énormément de choses, comme le sexe, par exemple.
De plus, ce qui s’annonçait comme un jeu est tellement contraignant qu’il est, au final, encore plus ennuyeux que la vie normale.
Les Parifantasiens tiennent si chèrement à leur nouvelle identité qu’ils en deviennent des moutons faciles à manipuler. Et, bien sûr, notre bien détesté Joseph Goebelin n’y est pas étranger.
Le troisième point fort du Berserkiller réside dans ses scènes d’action. Brett Nephaeus, comme à son habitude, nous livre des moments épiques. Des combats aussi drôles que bourrés d’adrénaline et qui couplés à de nombreux twists apportent, encore une fois, un rythme de narration assez soutenu pour nous maintenir en haleine durant tout le roman.
Viennent ensuite les personnages. Qu’ils soient charismatiques ou complètement ridicules, Brett Nephaeus met un point d’honneur à nous les présenter en grande pompe.
Cela donne un trombinoscope éclectique rendant le récit d’autant plus prenant.
L’ajout de petits détails, comme les points de charisme, qui descendent ou montent selon que l’on soit vanneur ou vanné donne lieu à des moments d’une drôlerie absolue.
Freidrich-l-Empaleur-Le Berserkiller de Paris-en-Fantasy – illustrateur Nouhot Dagnogo – 2023
Ce dernier point nous amène à parler humour. Et là, vous en aurez à coup sûr pour votre argent. Brett Nephaeus à ce talent qui permet de s’aventurer sur des terrains glissants. Si l’auteur se plait dans les calembours et autres jeux de mots, il aime aussi repousser les limites du bien pensant.
C’est cette faculté à oser l’humour « gras » qui rend les récits du romancier, et surtout Le Berserkiller de Paris-en-Fantasy, si drôles.
L’écrivain se complait à placer des vannes potaches au beau milieu de scènes grandioses. C’est pourquoi elles font mouche à tous les coups. De l’inattendu nait l’éclat de rire, et croyez-nous sur parole, ils seront nombreux lors de votre lecture.
Nous n’avons jamais caché notre admiration pour l’œuvre de Brett Nephaeus. Mais comment résister à un tel talent de narration ? Le berserkiller de Paris-en-Fantasy est tout à la fois. Récit d’heroic-fantasy, roman dystopique, comédie déjantée à la Sacré Graal ou La cité de la peur… En résumé, vous allez rire, frissonner, votre cœur va palpiter, bref, vous allez passer par toutes les émotions.
Un livre à absolument posséder dans sa bibliothèque.
Caractéristique de l’album :
Cette chronique a été réalisée à partir d’un roman offert par Brett Nephaeus .