Coup de cœur Blu-Ray « Le consentement »

Paris, 1985. Vanessa a treize ans lorsqu’elle rencontre Gabriel Matzneff, écrivain quinquagénaire de renom. La jeune adolescente devient l’amante et la muse de cet homme célébré par le monde culturel et politique. Se perdant dans la relation, elle subit de plus en plus violemment l’emprise destructrice que ce prédateur exerce sur elle.

Depuis la création des Petites chroniques nous avons eu l’occasion de voir une quantité impressionnante de films.
De l’horreur à la comédie, du long-métrage d’auteur au blockbuster, nous sommes passés par une multitude d’émotions. Pourtant, aucun d’entre eux ne nous avait touché autant que Le consentement.

En adaptant le roman éponyme de Vanessa Springora, Vanessa Filho nous livre un film sans concessions. Un pamphlet parfois cru dans ses propos et ses images, mais terriblement nécessaire.
Vous voilà prévenus, certains passages du Consentement sont quasi insoutenables à regarder tant le personnage de Gabriel Matzneff, interprété par Jean-Paul Rouve, est un monstre envers Vanessa, campée par Kim Higelin.

Tout d’abord, il est important de rappeler que Gabriel Matzneff n’est malheureusement pas un personnage de fiction.
C’est pourquoi Le consentement est si poignant. Plus qu’un film, il est le témoignage d’une époque que nous espérons révolue.

Vanessa Filho filme avec brio de quelle manière le prédateur tisse sa toile autour de sa proie. La façon dont il la séduit, puis comment il prend le contrôle total sur elle en jouant avec ses émotions.
Ce film nous rappelle, car beaucoup pensent encore le contraire aujourd’hui, que les adolescent(e)s sont tous des victimes de ses monstres et certainement pas des personnes consentantes, dans le sens premier du terme en tous cas.

Cependant, si le scénario et la mise en scène apportent beaucoup au Consentement, le jeu des acteurs est tout simplement bluffant.
À commencer par Kim Higelin (petite fille de Jacques Higelin) qui donne à Vanessa un côté lolita malgré elle bouleversant. La jeune comédienne se montre tantôt forte, tantôt fragile et campe son personnage avec un naturel digne des plus grandes.

Enfin, nous savions déjà que Jean-Paul Rouve pouvait se glisser dans des rôles dramatiques. Comment oublier sa performance dans Monsieur Batignole (de et avec Gérard Jugnot) ou son rôle tout en nuances dans Poupoupidou ?
Cependant, l’acteur est ici méconnaissable. Vous allez complétement oublié Jeff Tuche et ses extravagances et maudire le personnage froid et manipulateur du Consentement.

Il y a des films qui font mal et qui sont pourtant nécessaires. C’est le cas du Consentement. Un long-métrage sans concessions et violent dans ses propos. Un pamphlet qui rappelle que la pédocriminalité est un fléau qui peut s’abattre sur n’importe quel(les) adolescent(e)s. Alors oui, certaines scènes du consentement peuvent être difficiles à regarder, mais vous vous devez de passer outre et de voir ce drame biographique à la réalisation et au jeu d’acteur sans failles.

Scène coupée (18min VF):
Bien qu’habituellement nous ne voyons pas l’intérêt des scènes coupées dans les bonus, celle-ci vaut largement le coup d’œil. Il s’agit, en effet, d’une longue prise où Kim Higelin montre toute l’étendue de son talent.

Interview de Jean-Paul Rouve (6min VF):
Extrait de l’émission Beau geste où Pierre Lescure interview Jean-Paul Rouve. Celui-ci revient sur son rôle dans Le consentement. Il évoque notamment difficultés qu’il a rencontré pour entrer dans la peau de Matzeff.

Cette chronique a été réalisée à partir d’un Blu-Ray offert par l’attachée de presse du groupe ESC Distribution .