C’est en 2009, lors de la fantastique semaine du cinéma qu’une poignée de Français ont pu découvrir » The Human Centipede – First Sequence« . Un film dont le sujet était tellement dérangeant qu’il s’est vu refuser l’accès aux salles de cinéma dans de nombreux pays, dont la France. Il aura donc fallu attendre le 13 octobre 2011 pour pouvoir enfin voir dans l’hexagone ce petit bijou tout droit venu des Pays-Bas.
Le scénario de « The Human Centipede – First Sequence » est à la fois simple et extrêmement tordu. Lindsay (Ashley C. Williams) et Jenny (Ashlynn Yennie), deux amies américaines visitent l’Europe lorsqu’une crevaison les entraîne dans la maison du Dr Josef Heiter (Dieter Laser). Malheureusement pour elles, cet ancien chirurgien spécialisé dans la séparation de siamois a décidé de pratiquer l’opération inverse. Pour cela, il a décidé de créer un mille-pattes humain en reliant la bouche de cobayes à l’anus de celui qui le précède. Pourtant, malgré ce pitch plus que dérangeant, le réalisateur Tom six était parvenu à nous livrer un film à l’esthétique soignée. Bien entendu, « The Human Centipede – First Sequence » ne nous épargnait pas quelques scènes chocs, mais son côté chirurgical les rendait légitimes et surtout supportables. L’histoire aurait donc pu (du ?) s’arrêter là et Tom Six serait ainsi rentré dans le cercle très fermé des grands réalisateurs de film d’horreur tels que Tobe Hooper, Wes Craven ou George A. Romero. Seulement voilà, le réalisateur a reçu toutes ces interdictions en salle comme une sorte de challenge qu’il fallait dépasser. C’est pourquoi il s’est mis en tête de réaliser le film le plus choquant de tous les temps.
Ceci nous amène donc à la sortie du deuxième volet de la saga, « The Human Centipede II – Full Sequence » avec lequel Tom Six a commencé à creuser la tombe de son scénario. Cette fois, l’intrigue (si l’on peut encore parler d’intrigue) nous entraîne au côté de Martin (Laurence R. Harvey), un handicapé mental obnubilé par le film « The Human Centipede » . C’est pourquoi il se décide à tenter cette expérience avec non pas trois, mais douze personnes cette fois.
Avec cette suite, vous pouvez oublier tout le côté esthétique et chirurgical du scénario puisque le brave Martin ne dispose, lui, que de rouleaux de duck-tape et d’une agrafeuse pour réaliser son mille-pattes. Les scènes de torture porn en deviennent donc quasi insoutenables et ce n’est pas le filtre noir et blanc que Tom Six a appliqué au film qui le rend plus esthétique. De plus, comme-ci l’amateurisme de Martin en matière de chirurgie n’était pas déjà assez dérangeant, le réalisateur s’est fait un malin plaisir de nous abreuver de scènes chocs. Une sorte de rabbin s’adonnant à des choses pas très orthodoxes avec une fille de joie en déclarant préférer Martin, un viol au fil barbelé… Bref, Tom Six ne nous épargne rien et utilise toutes les ficelles possibles pour choquer les spectateurs. Une technique qui a fonctionné puisque le Royaume-Uni a strictement interdit toute diffusion du film sur son territoire. Un bon début pour le réalisateur qui s’est alors dit qu’il pouvait encore aller plus loin…
Avec ce troisième volet de la saga intitulé, « The Human Centipede – Final Sequence« , Tom Six semble avoir complètement perdu la raison. Nous nous retrouvons cette fois dans une petite prison fédérale gérée par un directeur complètement cinglé (Dieter Laser) qui doit absolument trouver une solution aux problèmes de violence et au manque de moyens dont souffre son établissement. Dwight (Laurence R. Harvey), son assistant lui propose alors de relier les détenus les uns aux autres comme dans les films « The Human Centipede I et II » .
Si à priori ce pitch allié au fait de faire revenir les deux acteurs principaux de la saga dans des rôles différents peut paraître être une bonne idée, très vite les spectateurs ont déchanté. En effet, Tom Six enchaîne dans ce film clichés et scènes trashs avec une désinvolture qui frise l’inconscience. Du directeur censé être du bon côté de la barrière et qui s’avère être encore plus vicieux que ces ses pensionnaires en passant par la secrétaire aussi belle qu’elle est stupide, le scénariste n’a pas été chercher la psychologie de ses personnages bien loin. À cela s’ajoute quelques scènes de plagiat à peine masquées. Comme le moment de l’émeute qui ressemble comme deux gouttes d’eau à celle provoquée par Mickey dans « Natural Born Killer » d’Oliver Stone, avec un viol en plus (bah, il fallait la touche Tom Six, quand même…). À tout cela viennent s’ajouter des scènes de violence gratuite. Un second viol tellement tordu qu’il nous a retourné le cœur (que nous avons pourtant bien accroché pourtant), un homme qui se fait émasculé avant que le directeur ne mange ses testicules et nous en passons des vertes et des pas mûres. Pour conclure à trop vouloir faire dans le racoleur, le scénariste s’est complètement perdu, seuls les meilleurs plongeurs sous-marins ayant déjà touché autant le fond. Quelques trop rares bonnes idées demeurent, comme l’apparition du réalisateur dans son propre rôle en tant que conseillé dans la réalisation du mille-pattes humain.
Pour conclure, la saga « The Human Centipede » est loin de faire l’unanimité chez les spectateurs et cela même chez les amateurs de torture porn. Pourtant, elle révèle quelque chose d’intéressant chez son scénariste et réalisateur, il s’agit de sa faculté à éviter la redite. En effet, dans de nombreuses sagas, comme « Saw« , par exemple, une fois les deux premiers volets vus, la mécanique scénaristique est assimilée et les twists deviennent prévisibles ce qui est loin d’être le cas ici. Pourtant, les amateurs du premier opus ont détesté ses suites et inversement, les fans des deux derniers volets n’aiment généralement pas le premier qu’ils jugent souvent trop lent. Vous êtes donc prévenus suivant ce que vous cherchez dans un film, jetez-vous sur le premier volet ou sur les deux suivants.
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